Sous vos yeux il prolifère, encore et encore vous exaspère… Désespérément vous tentez de supprimer l’opportun qui sévit dans votre jardin. Mais il semblerait que rien ni personne ne puisse lutter contre le « terrible » égopode. Soyez rassuré, cessez donc la guerre et faites lui sa fête : tout droit dans l’assiette !
Un drôle d’envahisseur…
Si vous n’avez jamais fait personnellement la connaissance de l’égopode (par la vue ou les papilles !), probablement avez-vous déjà entendu son nom. Au moins vaguement, lors d’une conversation entre amis ou avec un membre de votre famille, fatigué à l’idée de devoir une fois de plus lutter contre cette « mauvaise herbe » impérissable.
En effet, quand l’égopode prolifère, il ne fait pas semblant, inutile de se le cacher ou de lui chercher des excuses. Néanmoins, ce n’est pas pour autant qu’il mérite le titre de « mauvaise herbe » dont on l’affuble fréquemment. Cet article – je l’espère – vous donnera envie de ne plus vous acharner (souvent en vain) à tenter de l’éradiquer. Mais plutôt à le découvrir sous un autre jour, en tant que plante compagne et comestible, dont vous avez la chance et le privilège de jouir dans votre propriété !
Un peu de botanique
Avant d’aller plus loin, petite présentation dans les règles de l’art… Notre égopode, de son nom Aegopodium podagraria en latin, est une plante de la famille des Apiacées (anciennement Ombellifères). Il se développe principalement dans les sous-bois (et les jardins !) humides, quasiment partout en France (excepté dans le sud). La plupart du temps, il se présente sous la forme de feuilles qui s’érigent en tapis et émergent directement du sol par un long pétiole (partie qui relie généralement la feuille à la tige) épais et triangulaire. On trouve dans la famille des Apiacées des plantes aromatiques telles que la carotte sauvage (Daucus carotta), la grande berce (Heracleum sphondylium), le fenouil (Foeniculum vulgare), mais aussi de redoutables empoisonneuses comme les Œnanthes (Œnanthes spp.) ou la célèbre ciguë (Conium maculatum). La famille des Apiacées est donc, à juste titre, généralement redoutée et peu exploitée par les amateurs, nouvellement adeptes de la cueillette sauvage.
Certes, la prudence est de mise. Cependant l’égopode est doté d’une caractéristique bien particulière qui permet de le reconnaître à coup sûr ! En effet, contrairement à de nombreuses Apiacées qui possèdent des feuilles très découpées (à la manière du persil), l’égopode a des feuilles plus « fournies », d’une forme facilement définissable et reconnaissable à l’œil nu. Voyez par vous même :
Il possède des feuille à 3 folioles, eux-mêmes divisés en 3 foliolules. La formule mnémotechnique pour se rappeler des caractéristiques de l’égopode revient donc à 3 x 3 : facile ! Pour plus de clarté, voici une photo légendée :
Numérotées en noir : les 3 folioles folioles constituent le limbe de la feuille.
Numérotées en rouge : les 3 foliolules qui composent les folioles. Notez que les folioles 2 et 3 sont fréquemment indistinctement divisés (ils apparaissent en 2 plutôt qu’en 3). La feuille reste néanmoins toujours très caractéristique et ne porte pas à confusion. S’il en était besoin, nous pouvons ajouter que ces dernières ont un pétiole triangulaire, dont la forme est aisément définissable au toucher.
Avec l’égopode, vos papilles pétillent !
Maintenant que vous savez le reconnaître, nous pouvons passer aux choses sérieuses. Comme vous l’avez deviné, si je vous en parle, c’est que l’égopode est une formidable plante sauvage comestible, pleine de bienfaits et de saveurs ! Tout d’abord, l’égopode est riche en vitamines et minéraux (plus encore que nos légumes du potager), mais également en protéines, comme la plupart des plantes sauvages (voir le guide nutritionnel des plantes sauvages et cultivées , François Couplan, éditions Delachaux & niestlé pour référence).
Quiche à l’égopode
Ingrédients :
– 2 oignons
– 3 œufs
– 125 g de crème fraiche
– 50 g de gruyère râpé
– 1 pâte brisée
1- Laver l’égopode.
2 – Faire revenir les oignons dans de l’huile ou du beurre.
3 – Ajouter l’égopode et cuire environ 10 minutes à 15min, le temps que les feuilles commencent à ramollir.
4 – Dans un récipient, battre les œufs puis ajouter la crème et le gruyère. Saler et poivrer.
5 – Garnir le moule de pâte et faire cuire 5 minutes au four préchauffé à 200°C.
6 – Etaler l’égopode sur le fond de tarte, puis ajouter le mélange aux œufs, poursuivre la cuisson 30 minutes.
Bonus : l’égopode dans l’armoire à pharmacie
Souvent surnommé « égopode podagraire », ce qualificatif remonte à des temps anciens où la plante était préconisée pour soulager la goutte (ou podagre à l’époque). Elle aiderait en effet à lutter contre l’accumulation d’acide urique dans les articulations, qui provoque le gonflement des organes et donc les douleurs liées aux crises de goutte. Ainsi « herbe au goutteux » est également un nom fréquemment donné à l’égopode dans les textes datant du moyen-âge. On lui prête également des propriétés diurétique, vulnéraire (aide à guérir les plaies et à cicatriser), anti-inflammatoire et hypoglycémiante.