Théine ou caféine : quelle(s) différence(s) pour votre santé ?
Le thé est largement considéré comme une boisson vertueuse, tandis que l’on peut lire tout et son contraire concernant les effets du café.
Tantôt plein de bienfaits, tantôt presque poison… Avec toutes les informations contradictoires circulant dans les médias et sur le net, pas si simple de savoir lequel est le meilleur pour notre santé.
Personnellement, j’adore me lever le matin en fleurant l’odeur familière du café chatouiller mes narines et je ne m’en passerai pas !
En revanche je préfère terminer la journée par une bonne tasse de thé, c’est mon petit rituel pour un moment d’apaisement.
À mon sens, il n’existe pas vraiment de meilleur choix en la matière car tout est une affaire de goût et surtout de modération : point trop n’en faut et seule la dose fait le poison !
Aussi nous réagissons tous différemment à des quantités pourtant égales de principes actifs absorbés.
Voilà pourquoi il semble plus pertinent de comprendre les effets de ces molécules sur nos organismes, afin de savoir adapter notre consommation selon notre fonctionnement…
Absorption n’est pas assimilation
Commençons tout de suite par briser la glace, théine et caféine ne font aucune différence !
Tout comme la guaranine, la matéine, etc. sous ces termes employés à tort pour désigner des molécules distinctes, se cache en réalité la même entité chimique : la 1,3,7-triméthylxanthine.
Ce principe actif appartenant à la famille chimique des alcaloïdes, est présent dans de nombreuses plantes et connu pour ses effets stimulants sur l’organisme.
Néanmoins, ce n’est pas parce qu’elles ont une identité chimique commune que la théine et la caféine agissent de manière semblable sur l’organisme !
L’origine du principe actif a donc bien toute son importance, puisque nos habitudes de consommation de ces boissons implique l’emploie du « totum » de la plante.
Je m’explique, si l’on fait usage d’un comprimé d’aspirine par exemple, les effets ressentis (et les contre-indications) ne seront pas les mêmes que pour la prise d’une décoction d’écorce de saule blanc.
C’est pourtant bien de cette plante (entre autres) que provient l’acide acétylsalicylique qui est le principe actif de l’aspirine, mais il y a une grosse différence.
Tandis que le comprimé d’aspirine concentre une unique molécule isolée, l’écorce de saule blanc renferme tous les autres constituants de la plante qui vont venir tamponner et finalement modifier l’effet de l’acide acétylsalicylique sur l’organisme.
Le thé et le café étant deux plantes distinctes renfermant des constituants différents, on comprend ainsi qu’il en est de même concernant la caféine !
Dans le café, la caféine se trouve majoritairement sous forme libre, permettant une absorption rapide et un effet stimulant intense dans les minutes suivant la consommation.
En revanche, la caféine du thé est liée à des tanins aux propriétés astringentes[1].
Ces tanins ralentissent l’absorption de la caféine contenue dans le thé, procurant un effet stimulant plus modéré et prolongé sur plusieurs heures.
Effets perçus : intensité et nuances
C’est cette différence d’absorption qui est à l’origine des différents effets perçus d’un individu à un autre.
La caféine est réputée pour son effet stimulant marqué sur le système nerveux central, générant une sensation de vigilance accrue et favorisant la concentration.
Elle est utile en cas de fatigue passagère, dont elle aide à réduire les symptômes, ainsi qu’en période d’examen ou dans la préparation physique chez le sportif[2].
Elle possède également une activité antalgique et potentialise même les effets d’autres principes actifs antalgiques[3].
Cependant, son action rapide n’est pas tolérée par tout un chacun et peut être à l’origine d’effets secondaires tels que la nervosité, l’insomnie ou encore des palpitations.
La théine, via l’action des tannins qui ralentissent son absorption dans le sang, offre une stimulation plus douce et plus durable.
De plus, il faut noter qu’une tasse de thé contient généralement 2 à 4 fois moins de théine qu’une tasse de café.
Ainsi le thé agit également comme un stimulant qui favorise la vigilance et la concentration, sans pour autant déclencher les effets secondaires parfois associés à la caféine.
De plus, le thé est généralement riche en L-théanine, un acide aminé aux propriétés anti-stress[4], qui contribue à moduler l’effet stimulant de la théine, procurant un état d’éveil calme et serein.
Néanmoins, ce n’est pas pour autant qu’il faut en abuser et négliger les contre-indications communes à la consommation de thé et de café !
Amis ou ennemis ?
En effet, bien qu’ils soient riches en antioxydants et possèdent diverses vertus, le café et le thé peuvent engendrer des effets indésirables ou aggraver des pathologies existantes.
Leur consommation doit alors être évitée ou réduite au strict minimum notamment en cas de troubles cardiovasculaires et d’hypertension, d’anémie ou de troubles gastro-intestinaux.
De plus, la caféine est susceptible d’interagir avec divers traitements médicamenteux, notamment les antalgiques, les anticoagulants et antiacides, les antidépresseurs, etc.
Des conséquences non négligeables, qu’il convient de prévenir en demandant conseil à votre médecin ou pharmacien avant de combiner ces boissons avec des traitements médicamenteux.
Selon l’EFSA (autorité européenne de sécurité des aliments), il est admis que la consommation de caféine pour un adulte en bonne santé ne présente pas de risque jusqu’à 400 mg/jour[5].
Cela représente en moyenne 3 tasses de 33 ml d’expresso et jusqu’à 4 tasses de 150 ml de café filtre au maximum (en tenant compte des effets cumulés des compléments alimentaires contenant de la caféine).
Tandis que l’on pourrait en se basant sur les mêmes recommandations, pousser jusqu’à 10 tasses de thé journalières !
Bien sûr, cela ne semble pas très pertinent – à moins de vouloir passer sa vie aux toilettes – et c’est là qu’il est nécessaire de faire la part des choses et de savoir écouter son corps.
Si vous êtes plutôt apathique le matin, comme moi, ou que vous piquez du nez après le repas de midi et que vous ressentez le besoin d’un coup de fouet, ne vous privez pas d’une bonne tasse de café.
Si vous avez des troubles du sommeil, consommez plutôt du thé vert ou du thé blanc dans l’après-midi, ou évitez carrément toute source de caféine après 16h.
Comme évoqué précédemment, le choix entre thé et café dépend finalement de la sensibilité individuelle de chacun lorsqu’il n’existe pas de pathologie sous-jacente.
En comprenant les nuances de leurs actions, chacun peut choisir la boisson qui lui convient le mieux pour favoriser son bien-être et sa performance !
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[1] Naoko Fujimori, Hiroshi Ashihara. Biosynthesis of Caffeine in Flower Buds of Camellia sinensis. Ann Bot (1993) 71 (3): 279-284 doi:10.1006/anbo.1993.1034
[2] Bellar, David & Kamimori, Gary & Judge, Lawrence & Barkley, Jacob & Ryan, Edward & Muller, Matthew & Glickman, Ellen. (2012). Effects of low-dose caffeine supplementation on early morning performance in the standing shot put throw. European Journal of Sport Science
[3] Derry, C. J., Derry, S., & Moore, R. A. (2012). Caffeine as an analgesic adjuvant for acute pain in adults. The Cochrane database of systematic reviews, (3), CD009281.
[4] Kimura K, Ozeki M, Juneja LR, Ohira H. L-Theanine reduces psychological and physiological stress responses. Biol Psychol. 2007 Jan;74(1):39-45. Epub 2006 Aug 22