Originaire des grandes plaines d’Amérique du Nord, l’échinacée (Echinacea spp.) était déjà utilisée par les peuples amérindiens pour soigner diverses blessures et infections, et même les morsures de serpents. Introduite en Europe au XIXᵉ siècle, elle s’est imposée à la fois comme plante ornementale et comme remède phare pour lutter contre les infections saisonnières.
Dans ce nouvel article, on décrypte les nombreuses propriétés et indications de cette belle plante médicinale, avec quelques exemples d’usages pratique !
En prime, un sujet qui fait débat à savoir : la contre-indication de l’échinacée dans le cadre des maladies auto-immunes, fera l’objet d’une discussion suite à mes nombreuses recherches (et à une belle prise de tête !) sur le sujet.
N.B : les informations mentionnées ici n’ont pas pour but de se substituer à un avis médical.
Une peu de botanique
L’échinacée est une plante vivace dont les jolis capitules évoquant une marguerite, trahissent aisément son appartenance à la famille des Astéracées.
Cette dernière se caractérise par :
- des feuilles basales rugueuses, ovales à lancéolées,
- de hautes tiges florales, pouvant atteindre jusqu’à 120 cm
- et enfin, des capitules composés de fleurs centrales tubulées brun-orangé, entourées de ligules rose vif ou parfois, jaunes ou blanches, selon les espèces.
Si l’intérêt médicinal de l’échinacée a favorisé sa diffusion hors d’Amérique, son succès ornemental n’en est pas moindre : à la fois robuste, mellifère et très esthétique, cette dernière a tout pour plaire ! Largement introduite dans les massifs fleuris pour son port élégant et ses fleurs aux teintes vives, l’échinacée apporte une touche champêtre rappelant le style « cottage ».
N.B : Le genre Echinacea regroupe plusieurs espèces connues, dont trois sont principalement utilisées en phytothérapie : Echinacea purpurea, E. angustifolia et E. pallida.
Principes actifs, propriétés et indications
Les différentes espèces d’échinacée contiennent plusieurs groupes de substances actives qui expliquent leurs effets, notamment :
- Des Alkylamides dont l’ échinacéine, composés lipophiles, considérés comme les principaux agents immunomodulateurs. Ils interagissent avec les récepteurs CB2 et influencent la production de cytokines, avec un effet plutôt anti-inflammatoire dans les contextes inflammatoires chroniques (Woelkart & Bauer, 2007)
- Des Polysaccharides et glycoprotéines, identifiés comme responsables d’une stimulation de l’immunité innée. Des travaux montrent une stimulation de l’activité des macrophages et une meilleure résistance aux infections.
- Des composés phénoliques (ex : dérivés de l’acide caféique, acide chicorique, etc.) : dotés d’activités antioxydantes et anti-inflammatoire, entre autres.
- Autres composés : Alcaloïdes indolizidiniques, Acides gras à longues chaines, ainsi qu’une huile essentielle à humulène.
Grâce à cette synergie de constituants, l’échinacée est aujourd’hui reconnue et indiquée dans de nombreuses circonstances.
En usage interne, elle sera utile en cas de :
- Faiblesse immunitaire (ex : virus et infections à répétition)
- Infections virales ou microbiennes : inhibition observée contre certains virus respiratoires (grippe, rhinovirus) et bactéries responsables des maux d’hiver. Peut réduire la durée et l’intensité du rhume et des affections ORL bénignes.
- Contexte inflammatoire : réduction de la libération de cytokines pro-inflammatoires (TNF-α, IL-6, IL-8) dans divers modèles expérimentaux, confirmée par plusieurs études animales et humaines.
- Fatigue passagère : grâce à son action tonique immunitaire, l’échinacée peut accompagner les périodes de baisse d’énergie saisonnière.
En usage externe, l’échinacée améliore la régénération des tissus conjonctifs, favorise la réduction de l’inflammation locale et joue un rôle antiseptique. Elle sera utile en application sur les petites plaies (pour la cicatrisation comme pour éviter les infections) et les affections dermatologiques légères (eczéma, herpès).
Échinacée et maladies auto-immunes : une controverse
Face à toutes ces informations, une grande question m’est apparue : l’échinacée ne serait-elle pas recommandable dans le cadre des maladies auto-immunes (polyarthrite rhumatoïde, sclérose en plaques, etc.) ?
En effet, puisque certaines revues scientifiques montrent que les extraits d’échinacée auraient plutôt un effet immono-modulateur, réduisant la production de cytokines pro-inflammatoires (IL-6, TNF, IL-8), des effets bénéfiques seraient donc à supposer. En particulier dans un contexte inflammatoire chronique, comme c’est le cas dans les maladies auto-immunes qui, en résumé, résultent d’un fonctionnement excessif du système immunitaire, attaquant l’organisme.
A contrario actuellement, de nombreuses sources médicales (Merck Manual, Johns Hopkins Lupus Center, MS Trust, etc.) déconseillent l’échinacée par crainte d’une stimulation excessive du système immunitaire, pouvant théoriquement aggraver la maladie ou interagir avec des traitements immunosuppresseurs. Craintes qui semblent fondées lorsque l’on constate les effets immunostimulants des extraits de la plante.
Alors, que nous disent les synthèses d’études et autre données disponibles pour trancher ?
La contre-indication stricte dans le cadre des maladies auto-immunes est considérée comme discutable d’après certains auteurs et davantage basée sur un principe de précaution que sur des preuves cliniques robustes.
D’un autre côté quand on étudie la littérature on trouve rapidement des informations assez contradictoires. Ex : un cas isolé d’hépatite à composante auto-immune a été signalé suite à l’usage d’échinacée, avec une amélioration rapide après l’arrêt de la plante. Cependant, l’affaire reste un mystère non élucidé. L’échinacée est-elle vraiment responsable ou y aurait-il eu une contamination de l’extrait employé ou même une contrefaçon… ?
Par ailleurs, une étude signale un rapport clinique dans lequel un patient atteint de leucémie lymphoïde chronique (LLC) a utilisé l’échinacée sans montrer de complications ou d’aggravation apparente de la maladie. Mais il s’agit ici également d’un cas isolé…
Cela va dans le sens de ce que nous indique le Dr Éric Lorrain dans son Grand manuel de phytothérapie et d’autres auteurs : l’idée d’une contre-indication stricte dans les maladies auto-immunes ou hématologiques n’est pas soutenue par des preuves solides, et pourrait résulter d’une déduction simpliste concernant le fonctionnement de notre système immunitaire qui est extrêmement complexe.
Néanmoins, une nécessité s’impose lorsque l’on pratique l’herboriste, qu’il s’agisse d’automédication comme de conseil à autrui : Primum non nocere (d’abord, ne pas nuire). Ainsi en cas de manque de preuves tangibles d’un côté comme de l’autre, mieux vaut se cantonner aux restrictions d’usages par précaution.
Conclusion, usages pratiques et contre-indications
L’échinacée est une plante médicinale majeure, associant attrait ornemental et propriétés pharmacologiques. Ses indications principales concernent la prévention et l’accompagnement des affections récidivantes, dans le cadre d’une faiblesse immunitaire passagère, ainsi que certaines affections cutanées.
Usages pratiques conseillés :
- Teinture mère (TM) et alcoolatures : en cures courtes et séquentielles, de 10 à 15 jours/mois, pour éviter toute stimulation prolongée du système immunitaire.
- Extrait sec standardisé ou gélules : respecter les posologies validées par les laboratoires.
- Usage externe : Teinture diluée, pour apaiser la peau et les muqueuses.
Contre-indications :
- Grossesse et allaitement, du fait d’un absence de données suffisantes.
- Allergie aux Astéracées et hypersensibilité aux substances actives.
- Comme discuté plus haut, prudence chez les personnes souffrant de pathologies auto-immunes.
- Surveillance accrue chez les personnes à risque hépatique (hémochromatose, traitements, etc.)
Concernant de possibles interactions médicamenteuses, le Dr Eric Lorrain nous dit qu’il n’y a pas d’interférence avec les CYP540, mais là encore les données sont contradictoires selon les études. Par précaution, une association est à éviter en cas de traitements immunosuppresseurs, et prise de stéroïdes (propriétés immunomodulatrices additives). En cas de traitement demandez conseil à votre pharmacien/médecin et/ou un professionnel de l’herboristerie !
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