La pâquerette : plus qu’une simple fleur des champs !

pâquerette comestible

Table des matières

Qui ne connaît la pâquerette (Bellis perennis), jolie plante commune partout en France et en Europe ? Chaque jour ou presque, nous lui marchons dessus sans même avoir idée de tous les services qu’elle peut nous rendre.

Car, malgré le fait qu’elle ne soit pas comme certaines plantes « star » dont on fait l’éloge un peu partout dans le monde de la phytothérapie, la pâquerette possède diverses propriétés médicinales intéressantes. Notamment pour guérir et soulager les ecchymoses et hématomes, mais aussi pour apaiser la sphère cutanée (voir ci-dessous). Mais elle est aussi comestible, avec une belle richesse en minéraux et nutriments essentiels. Voilà une bonne nouvelle n’est-ce pas ?

La pâquerette est une très bonne plante médicinale et comestible ! – ©Morgane Peyrot

 

La pâquerette en quelques lignes

Ou plutôt, dans les grandes lignes. Car il y a souvent tant à dire sur une même plante que l’on pourrait y passer la soirée. Avant de l’évoquer comme plante médicinale, nous allons faire un peu de botanique, pour mieux cerner notre jolie pâquerette !

Tout d’abord, un point sur son nom latin ou scientifique Bellis perennis, signifie littéralement « la belle pérenne ». Très simplement parce que la pâquerette est capable de fleurir toute l’année. Voilà qui est très appréciable pour en faire des infusions ou autres préparations comme nous le verrons prochainement.

Comme indiqué précédemment, c’est une plante très commune dans tous types de milieux. On la rencontre dans les jardins et les parcs urbains, mais aussi dans les prairies, les clairières forestières, etc. Pour peu que le sol soit à tendance calcaire, elle trouvera sa place ! La belle apparaît sous la forme d’une rosette étalée, composée de feuilles spatulées, (voir photo), plus ou moins velues, à bords légèrement crénelés.

Rosette de feuille de pâquerette, en forme de spatule (sommet plus large que la base) – ©Creative commons

 

Enfin, la pâquerette fait partie d’une grande famille botanique, largement représentée sous nos climats (et dans le monde entier), j’ai nommé : les Astéracées. On y trouve de nombreuses plantes médicinales et alimentaires (chicorée, camomilles, tournesol, artichaut, laitues en général, etc.), qu’elles soient sauvages ou cultivées. Ainsi que quelques rares plantes toxiques tels les séneçons dans nos contrées.

Les plantes de cette grande famille sont caractérisées par leur inflorescence dénommée « capitule », qui constitue en réalité un ensemble de minuscules petites fleurs. Ce que je suis en train de vous dire, c’est que la pâquerette telle que vous la voyez n’est pas une fleur, mais une multitude de minuscules fleurs ! Dans le cas de notre pâquerette, cette dernière présente un capitule composé de fleurs tubulées (ou tubules) en son centre, et de fleurs ligulées (ou ligules) à sa périphérie. Si on résume en image cela donne…

Schéma : Inflorescence en capitule d’une Astéracée

Détail du capitule et des fleurs d’Astéracées – ©Morgane Peyrot

 

Et en photo…

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Le capitule de la pâquerette comporte un « petit cœur jaune », constitué de nombreuses fleurs en forme de tube (tubules), et une couronne de fleurs en forme de languettes (ligules) ! – ©Morgane Peyrot

 

Les capitules de pâquerettes, très caractéristiques, sont facilement reconnaissables. Aussi, nous les connaissons généralement depuis l’enfance. Ainsi aucune confusion n’est à craindre, d’autant plus que les quelques autres espèces de pâquerettes existantes ont les mêmes usages !

 

Une plante médicinale…

Oui, car comme indiqué plus haut dans l’article, cette dernière est également une bonne plante médicinale. Et pas des moindre : si elle est moins médiatisée que son cousin l’arnica (Arnica montana), elle possède pourtant des propriétés très similaires. En témoigne l’une de ses anciennes dénomination de « petit arnica ! »

Par ailleurs, la pâquerette est connue et utilisée de longue date pour ses bienfaits. Au moins déjà depuis la renaissance, comme nous l’indique la merveilleuse Claudine Luu (éminente personnalité dans le monde de la phytothérapie, Dr en pharmacie et bien plus encore !), dans son ouvrage 250 remèdes naturels à faire soi même, ed. Terre vivante.

La belle s’est notamment illustrée par ses propriétés vulnéraires (apaise et guérit les blessures). On raconte qu’autrefois, les soldats l’utilisaient en temps de guerre en cataplasme pour soulager et désinfecter les blessures. Elle sera efficace pour apaiser les ecchymoses et hématomes, comme indiqué plus haut, quasiment au même titre que l’arnica (selon la réceptivité des personnes). Aussi, il est intéressant de mentionner la pâquerette comme substitut de son cousin, car bien malheureusement, force est de constater que l’arnica est en train de disparaître petit à petit de nos massifs alpins.

Elle est également reconnue et appréciée des femmes pour ses vertus raffermissantes (sur le buste, les cuisses, etc.), grâce aux tanins qu’elle contient. Enfin, elle renferme des mucilages (substance végétales visqueuse, comme dans les graines de chia), qui vont avoir des propriétés apaisantes, notamment sur la sphère cutanée pour soulager et amoindrir les petits encombrements comme les rougeurs, pores dilatés, eczéma localisé, etc.

Ainsi, la pâquerette pourra avoir diverses applications utiles dans la vie quotidienne. D’autant plus qu’il sera possible de les mettre à profit à la maison par des recettes simples !

 

En pratique 

On peut notamment utiliser les fleurs pilées en cataplasmes sur les bleues et les plaies bégnines, ainsi que de simples infusion, à appliquer en externe pour apaiser la peau. Mais pour profiter au mieux de ses bienfaits, il sera encore plus adéquat de préparer un macérât huileux (recette ci-après). Tel l’infusion, ce procédé permet l’extraction des propriétés mais dans l’huile, plutôt que dans l’eau. Il est idéal pour un usage externe, et pourra servir de base à la préparation d’onguents.

Recette du macérât huileux de pâquerette

  • Un pot en verre stérilisé à l’eau bouillante
  • Huile d’olive ou huile tournesol oléique (de préférence bio), peu chères et idéales pour leur capacité de conservation, en particulier l’huile d’olive, très stable dans le temps.
  • Capitules de pâquerette en quantité suffisante pour remplir votre pot au moins aux 2/3

1 – Cueillir des capitules de pâquerettes par temps sec et ensoleillé.

2 – Laissez-les quelques heures sur un linge propre dans une pièce aérée, afin de laisser s’évaporer l’excédant d’humidité. En principe, il est toujours conseillé de faire sécher les plantes avant d’en faire un macérât huileux. Cependant certaines perdent vite leurs propriétés un fois sèches, comme la pâquerette…

3 – Remplissez-en votre pot en verre aux 2/3 ou aux 3/4 pour un mélange bien concentré !

4 – Complétez avec l’huile choisie, en prenant soin de bien recouvrir les capitules pour éviter le développement de toute moisissure.

5 – Fermez le pot, mais pas de façon hermétique, pour que l’huile puisse « respirer » et pour laisser sortir le peu d’humidité restante. Vous pouvez pour cela utiliser une gaze et un élastique.

6 – Laissez macérer à la lumière (mais jamais directement au soleil) durant 1 mois, en vérifiant de temps à autre que le niveau d’huile n’ait pas baissé. Si l’huile ne recouvre pas totalement la plante, rajoutez-en.

7 – Au terme d’1 mois, filtrez le mélange en pressant bien les fleurs pour récupérer toute l’huile.

8 – Si la préparation ne vous semble pas avoir d’apparence ni d’odeur étrange, vous pouvez alors l’étiqueter et la conserver à l’abri de la lumière. La durée de conservation est d’environ 1 ans voire plus, tant que votre macérât n’a pas changé d’aspect.

D’autres huiles sont utilisables, notamment celle de jojoba, pour mieux traiter encore les problèmes de peau et s’offrir un véritable soin cosmétique aux propriétés nourrissantes et raffermissantes. On pourra alors envisager un mélange avec 80% d’huile de tournesol ou d’olive et 20% d’huile de jojoba, comme le conseille le Dr Claudine Luu.

De manière générale, si vous utilisez en majorité une huile autre que celle d’olive ou de tournesol pour composer votre macérât, vous devrez y ajouter de la vitamine E pour éviter l’oxydation.  En moyenne, il est conseillé d’ajoutez 0.2 g de vitamine E pour 100 ml de macérât huileux.

La pâquerette, comestible et nutritive !

Enfin, n’oublions pas de mentionner également ses usages en cuisine. Car non seulement la pâquerette est comestible, mais elle est riche en minéraux et vitamines essentiels. Ce qui est fortement intéressant à l’heure où nos fruits et légumes cultivés s’appauvrissent de plus en plus, à mesure que nous détériorons la vie du sol avec nos machines lourdes et pesticides…

Mais passons ! Tout d’abord, la pâquerette renferme de la vitamine C, comme tous les fruits et légumes frais. Pour en profiter, on pourra utiliser ses petites feuilles crues pour agrémenter des salades sauvages, ou les ajouter à des smoothies et des jus par exemple. Ce peut être une bonne alternative, car je vous avoue que les feuilles ont tout de même une certaine amertume. Compenser cette dernière dans un mélange pourra donc rendre votre préparation plus sympathique, et il est important de prendre soin de soi tout en se faisant plaisir !

Ensuite, la plante renferme également des quantités intéressantes de fer, de potassium, de calcium (qu’elle aide à fixer dans l’organisme), de magnésium, etc. et même quelques protéines (d’après le guide nutritionnel des plantes sauvages et cultivées, François Couplan) ! Encore une bonne raison d’en profiter, pourquoi pas en infusion (des fleurs seules ou fleurs et feuilles en mélange) notamment ? Puisque l’eau chaude a la vertu d’extraire les minéraux sous forme ionisé. Cela signifie que ces derniers sont directement absorbables par l’organisme, sans avoir besoin de passer par la case digestion ! L’infusion est donc naturellement nutritive, pour peu que l’on utilise des plantes de qualité. Sans oublier de respecter quelques principes simples pour une infusion réussie, trop fort non ?

Enfin, les petits capitules de pâquerette, sont parfaits pour décorer vos salades et verrines sauvages, ainsi que vos desserts.

 

Conclusion

Maintenant, je suis certaine que vous voyez déjà la plante d’un autre œil n’est-ce pas ? Eh bien, sachez que la pelouse de votre jardin, le parc ou encore la forêt d’à côté que vous avez l’habitude de côtoyer, n’ont pas fini de vous étonner !

Alors, n’hésitez pas à me suivre via ma newsletter, les réseaux sociaux ou à participer à des évènements pour apprendre à profiter de toutes ces petites merveilles que vous offre la nature !

Enfin, pour en savoir plus sur les plantes sauvages comestibles et médicinales, découvrez mes petits guides, parus aux éditions First !

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